Passionné de poésie depuis ma plus tendre enfance, mais aussi de musique et de théâtre, j’ai décidé en 2014 de créer ma compagnie théâtrale, la Compagnie Elégie. J'écris, je mets en scène et je joue des spectacles sur des poètes dont les grandes étapes de la vie sont illustrées par leurs écrits. Je suis toujours accompagné sur scène par des musiciens.

J’écris également de la poésie depuis de nombreuses années, noircissant au gré de mes humeurs un grand cahier rouge.

Puis en 2017, je me suis retrouvé dans une tourmente à la fois personnelle et professionnelle. « Mais alors, c’est une révolte ? Non sire, une révolution ! »

Pour passer ce cap difficile, écrire de la poésie a été un refuge et le recueil de Paul Eluard, « les Mains Libres », illustré par Man Ray, un déclencheur. Il me fallait me mettre à nu pour mieux renaitre en privilégiant une économie de moyens, avec de courts poèmes illustrés, ayant pour sujet la personne que je connaissais sans doute le mieux, mais dont j’avais besoin de faire une « introspection générale » : Moi !

Ma rencontre avec Gabriel Fauré fut tout autant décisive. Comme Vladimir Jankelevitch, je suis tombé sous le charme de l'ancien directeur du conservatoire de Paris et de ses mélodies. Fauré aimait les poètes et savait fort bien les mettre en musique : Verlaine, Catulle Mendes, Albert Samain, Victor Hugo ou Théophile Gautier mais aussi d'autres moins connus comme Renée de Brimont et Jean de La Ville de Mirmont, aujourd'hui tombés dans l'oubli mais dont les œuvres composent le dernier cycle des mélodies de Fauré, le plus dépouillé, Mirages et L'Horizon Chimérique. Le rythme est soumis à la parole, la musique se trouble et se mue parfois en transe sacrée et sensuelle. C'est ce troisième volet des mélodies de Fauré qui a donné le titre à ce recueil intime, parfois secret, trouble lui aussi avec son lot de chimères que le lecteur ne tardera pas à découvrir.

J’ai ensuite demandé à mon ami le peintre Bernard Caussèque, dont j’apprécie le travail depuis des années, s’il accepterait de travailler à ce projet, et c’est ainsi qu’est né ce recueil : « Mirages chimériques »

Dès ses débuts de peintre, Bernard Caussèque a « illustré » de nombreux textes et poèmes de différents auteurs avec le collectif des éditions du Crayon Noir. Il aime s'immerger dans un univers poétique au plus près de l'auteur en transposant sa propre vision graphique et plastique. Son parcours est jalonné de nombreuses expositions et créations. Sa peinture , projetant une vision ténébreuse et désespérée faite de tensions paroxystiques et de lumières fulgurantes, est proche d 'un expressionnisme abstrait.

De l’enfance et la perte de ma mère à 14 ans, dont je ne me suis jamais vraiment remis, à ce nouveau départ en fin d’année 2017, il y a 52 poèmes, comme autant de semaines de méditation, mais surtout sur une année, le cheminement d’un homme qui parle, sans masque, sans fard et sans pudeur, avec ses angoisses et ses coups de cœur, avec ses tripes et ses névroses. Comme le dit si bien Hugo dans la préface des "Contemplations" : « Est-ce donc la vie d’un homme ? Oui et la vie des autres hommes aussi. Nul de nous n’a l’honneur d’avoir une vie qui soit à lui. Ma vie est la vôtre, votre vie est la mienne. Prenez ce miroir et regardez- vous- y……Commencer à foule et finir à solitude, n’est-ce pas l’histoire de tous ? »

Ne voyez dans cette citation aucune velléité de ma part à me prendre pour l’un des plus grands poètes que la France ait connu, mais seulement exprimer bien mieux que je ne saurais le dire, que la poésie est un langage universel qui parle à chacun de nous et que nos vies, pour peu que l’on accepte de tomber les masques, sont finalement de pauvres vies d’humanoïdes dont les points communs sont bien plus importants que les différences.

                                                                                     Pierre JOUVENCEL