Force doit rester à l’Etat Républicain
L’islamisme est par essence une utopie messianiste, universaliste, théocratique et totalitaire.
Pour les islamistes, la loi de Dieu transcende les lois humaines. Dieu est donc au-dessus de la loi et au-dessus en conséquence de la République.
L’islamisme comme l’écrit l’écrivain algérien Boualem Sansal dans les colonnes de l’Express est un Etat souverain, un Etat qui n’a pas de territoire propre, pas de frontières, pas de capitale. La France, écrit-il, est plus fortement touchée, face à la guerre entamée, en raison de son histoire propre, constitutive du soutien aux dictatures arabes, et de la présence sur son sol d’une émigration nombreuse mal intégrée qui s’est détachée de la Communauté nationale.
Je suis d’accord avec l’écrivain algérien pour dire qu’il faut dès lors répondre par des actes décisifs et non par des discours émus.
Voici le constat : mais que devons- nous faire ? que pouvons- nous faire ?
Le Président de la République a annoncé le 2 octobre aux Mureaux les grandes lignes du projet de loi qui sera présenté le 9 décembre prochain en conseil des ministres pour renforcer la laïcité, projet de loi qui vise les services publics en étendant l’obligation de neutralité des agents des services publics aux salariés des entreprises privées délégataires de services publics. Il pointe également les associations, ces piliers du pacte républicain. Désormais, les associations qui demandent des subventions publiques devront signer des « contrats de laïcité ». Les motifs de dissolution des associations seront par ailleurs étendus.
Troisième axe et non des moindres : l’école. L’instruction scolaire hors de l’institution sera strictement limitée à des impératifs de santé. 50000 élèves sont concernés. L’instruction sera par ailleurs obligatoire dès 3 ans.
S’agissant de l’islam de France, le Président a exclu de faire un « concordat » avec la religion musulmane préférant construire un « islam des Lumières » censé libérer l’islam de France des influences étrangères.
Cela est-il nécessaire ? Sans conteste, la volonté du Chef de l’Etat de vouloir lutter contre tous les séparatismes va dans le bon sens.
Mais cela est-il suffisant ? Certes non !
Si la classe politique a pêché depuis au minimum quarante ans par aveuglement, idéologie, clientélisme, elle semble toujours aujourd’hui autant incapable de mettre en pratique des actes, forcément courageux et forcément contestables, mais qui auraient au moins le mérite de limiter les dérives qui menacent l’équilibre de la société.
Car ne nous y trompons pas, ce que veulent les islamistes, c’est obtenir le pouvoir par tous moyens afin d’imposer à l’occident et en premier lieu à la France, sa loi, la loi d’Allah !
Je me permets ce raccourci historique que d’aucuns trouveront sans doute scandaleux et abominable, mais auquel je ne peux m’empêcher de penser, les événements d’un siècle à l’autre étant ce qu’ils sont. Je ne peux m’empêcher de penser aux accords de Munich, à Daladier applaudi à sa descente d’avion après qu’il ait condamné la Tchécoslovaquie à mourir afin de préserver la paix par tous les moyens. On sait ce qui va advenir par la suite. On ne bâtit pas l’avenir avec des reculades !
Que souhaitons- nous aujourd’hui, si ce n’est l’absence de vagues, bien sérier la question entre islam et islamisme afin de ne point heurter les consciences, ne pas froisser surtout, ne pas faire le lit du Rassemblement National, de la même manière que dans les années 30 il fallait veiller à ne pas faire le lit des Ligues ?
Je préfère citer pour ma part, n’en déplaise à mes collègues de gauche bien- pensants, Abdelwahab Meddeb pour qui « l’islamisme est, certes la maladie de l’islam, mais dont les germes sont dans le texte lui-même » et qui appelait à une réforme radicale du Coran.
Nul ne conteste le fait je pense, que l’islam modéré perd de plus en plus de terrain dans notre pays car l’islam politique est en train de gagner la bataille. Il n’y a qu’à regarder, ouvrir les yeux sans les œillères des bonnes consciences : femmes voilées, salles de prières, écoles coraniques sont de plus en plus présentes partout, à tel point que dans mon quartier je me sens toléré, mais sans plus. Je ne fais pas de l’amalgame, je constate ce que je vis tous les jours car moi, contrairement à d’autres, je vis effectivement dans un quartier de plus en plus déserté par la République.
Le mot « islamophobie » s’est généralisé et a explosé tant et si bien qu’il devient très difficile, et cela demande beaucoup de courage, de critiquer une religion au pays des Lumières, celui de Voltaire et de Diderot.
Alors faut-il laisser au Rassemblement National la primeur lorsqu’il s’agit d’imaginer la catastrophe annoncée ? Marion Maréchal dès vendredi 16 octobre s’est empressée de dire tout haut, ce qu’une majorité de français pense encore tout bas : « le terrorisme n’est que la partie émergée de l’iceberg. » et les extrémistes qui fleurissent sur le terreau de l’inaction prônent pour bientôt un Etat dans l’Etat.
Nous nous plaignons souvent que les institutions sociales et notamment l’école ne jouent pas ou plus leur rôle d’intégration. Mais comment ces institutions sociales et en particulier l’école de la République aurait-elles pu, sans moyens, contrecarrer les effets dévastateurs, d’une défaillance sans précédent des familles dans l’éducation des enfants et les apprentissages des vertus républicaines ?
Quand Mohamed Moussaoui, Président du Conseil français du culte musulman appelle à un traitement proportionné, en précisant que les musulmans se sentent doublement otages : à la fois de ceux qui veulent leur imposer des pratiques qui les heurtent, étant les premiers à en souffrir, mais aussi des débats publics qui font de leur spiritualité un objet de suspicion permanent, précisant que les pratiques d’une petite minorité ont pour effet de mettre à l’index toute une communauté, j’ai envie de lui répondre que, malgré tout, on n’entend pas très fort l’immense majorité, si l’on excepte les voix de l’imam de Drancy et de quelques autres trop rares personnalités, afin de mettre à l’index la petite minorité. Je n’entends rien dans mon quartier pour dénoncer l’assassinat de Samuel Paty. J’entends des appels à la prière mais rien de plus !
Que les musulmans qui souhaitent s’intégrer dans la République souffrent, je ne le conteste pas, mais alors qu’ils le disent haut et fort, qu’ils descendent dans la rue, qu’ils appellent à une République fraternelle et laïque !
Il y a des silences coupables car comme le dit si bien le poète et dramaturge anglais, John Dryden « à demi consent qui refuse en silence. »
Certes, l’Etat n’a pas à dire ce qui est bien et ce qui est mal en terme de pratiques religieuses dès lors que ces pratiques respectent la loi mais d’ores et déjà on peut annoncer que la loi du 11 octobre 2010 n’est pas respectée, elle qui interdit le niqab dans l’espace public. Il faut d’ailleurs préciser à ce sujet que ce n’est pas sous un prétexte religieux que cette loi a été votée mais sur un principe visant la sûreté et la sécurité des personnes en interdisant que le visage soit masqué, ce qui est assez risible aujourd’hui alors que nous sommes contraints de sortir tous masqués. On voit bien là toute l’ambiguité du législateur puisqu’il a trouvé ce subterfuge pour voter une loi non appliquée. 700 contrôles depuis 2010 en application du texte, 661 procès-verbaux dont 423 concernent des femmes voilées, amendes payées la plupart du temps par l’homme d’affaires Rachid Nekhaz avec son association « Touche pas à ma constitution » soit 117000€ entre les amendes et les frais d’avocats.
Le secrétaire général adjoint du syndicat unifié FO indique que le nombre d’infractions devrait être plus important mais toute intervention de police, dit-il est potentiellement génératrice d’émeute ou d’agression de policier et quand un fonctionnaire ne se sent pas en sécurité, il ne réalise pas le contrôle : comme on le comprend mais cela est-il normal dans un Etat dit de droit et quelle défaite de la République ?
Défaite de la République encore lorsque dans mon quartier, l’épicier me parle en arabe alors qu’il sait pertinemment que je ne le comprends pas. Défaite toujours lorsque je dois acheter une cuisse de dinde hallal parce que je n’en trouve pas d’autre, le rayon hallal dans certains supermarchés ayant absorbé le rayon « boucherie traditionnelle ». Est-ce normal ?
Défaite surtout lorsque des pompiers sont attaqués par jets de pierre dans les cités et que les policiers ne peuvent plus rentrer dans ces zones de non droit !
Alors faut-il laisser à l’extrême droite la défense de la République ? Doit-on être taxé de raciste, de xénophobe, d’islamophobe, que sais-je encore parce que l’on ose dire que l’on vit très mal de voir des pans entiers de notre culture, de nos traditions, même si ce terme est souvent galvaudé, mais je l’emploie à dessein, de nos valeurs, s’effondrer ?
Pour sauver la patrie en danger, Gambetta proclama la République le 4 septembre 1870 au nom du droit de salut public. » Citoyens, veillez sur la Cité qui vous est confiée. » Gambetta encore : « Vous devriez prendre parti de l’existence dans le pays d’une démocratie invincible à qui restera clairement le dernier mot. »
Mais cela implique que la République doit reprendre pied partout, il ne doit y avoir aucune zone de non droit, car force doit rester à la loi, mais aussi, sans cela je ne serai pas un fidèle d’Hugo, au droit et notamment au droit républicain.
La Res Publica, la chose publique est l’affaire de tous. Liberté, Egalité, Fraternité. Rien à ajouter, rien à retrancher. Ce sont les trois marches du perron suprême disait Hugo. La liberté, c’est le droit, l’égalité, c’est le fait, la fraternité, c’est le devoir.
La République partout, si besoin respectée par la force, la loi durcie s’il le faut lorsque la période l’exige, la culture et la langue préservées, les valeurs réaffirmées.
Nous attendons des actes et non plus des discours !
Pierre JOUVENCEL